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27 novembre 2011 7 27 /11 /novembre /2011 18:57

longtemps je t'ai aimée
bien à l'abri de mon propre univers
je m'élevais dans une cage de verre
où l'âge et le temps n'avaient plus d'importance
j'avais enfin des ailes pour sentir
et un cœur pour voler
longtemps je t'ai priée
je t'ai gardée comme ma petite chose au fond d'un pot de terre cuite
un grigri au milieu des secrets trembleurs de mon enfance
tu étais ma religion ma plus simple intimité
j'étais le plus pieux de tes fidèles
longtemps je t'ai espérée
longtemps j'ai cru au délicieux mensonge
chaque matin je m'éveillais sous un manteau de pierres
que je trainais comme le fantôme de mes illusions
et chaque soir je rêvais aux merveilles qu'il nous faudrait connaître
aux miracles à apprendre de l'autre
mais le temps le temps me jeta au bas du mur
un jour que je ne t'attendais plus
un jour le hasard de la vie a mis nos mondes face à face
et sitôt j'ai su que rien ne ressemblerait plus à l'ancien mensonge

vue un jour aussitôt aimée
en une fraction de temps se joue tout le mystère
ainsi que la bourrasque emporte le château de carte
j'ai malgré moi percé la vérité suprême
dans les mirages de la cristallisation
qu'as-tu fais donc de moi qui ne te savais pas
moi qui tremblais de te trouver une image
moi qui tremble encore de te voir si petite
ma petite géante aux mains de monde aux joues de ciel aux yeux d'univers
qu'as-tu fais de moi

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25 octobre 2011 2 25 /10 /octobre /2011 17:44

« Je prendrai le destin à la gorge de façon telle qu'il ne pourra pas m'abattre complètement »
Ludwig Van Beethoven

tous ces regards qui ne regardent plus
comme un bouquet de flèches à ma porte close
tous ces yeux tendus ces prisons de sable et d'or
ne me les pardonnez plus
aujourd'hui un homme renaît de n'être jamais né que pour cela
vivre et tout le reste

ô mon amour de silence ma quarantaine inouïe
nous eûmes quatre longues saisons de rêve et de profondeurs incendiaires
à veiller nuit et jour auprès la machine infernale
mais tout est bien maintenant les jeux sont quittes
nous avons une nouvelle vie à battre en brèche avec autant d'horizons à bâtir
le repli d'un de tes bras dans la mécanique de l'ennui
et aussitôt la petite voix cesse
la petite voix de la vérité qui s'enivre de ses durch Leiden, Freude
la petite voix cesse pour laisser aux mots leur teneur d'éternité
pour laisser aux ruines du silence
la symphonie des cœurs vaillants

et ma voix
ma voix comme une arche de bruit
entre silence et le silence

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20 septembre 2011 2 20 /09 /septembre /2011 16:29

"Les rideaux qui n'ont jamais été levés
flottent aux fenêtres des maisons qu'on construira"
André Breton

la nuit chasse le jour d'un revers de la main
          chasse les jeux chasse les rires
où sont passés tous les regards qui gardaient les après-midis de tendre lune
                    loin du soleil loin de la mer
          déjà tu ne te souviens plus du goût des petits matins de pluie
          où tu donnais le bras à un silence millésime
                    dans les jardins clos de l'enfance

il est tard Lise où es-tu

          je fais un rêve étrange
au milieu d'un champs de ruines l'ombre de la grande maison agite ses crécelles
le boulevard infini des corridors a pris l'eau comme tes rêves
la maison dort les yeux grands ouverts
seule dans l'antichambre veille allongée une petite fille qui n'est pas toi mais les peurs qui tu as gardé pour toi
          elle lit un roman savant de Flaubert ou Stendhal
                    dans le rouge et le noir de ses draps étoilés
          ses tempes sont deux bancs de sable
          que creuse la fièvre comme une quelconque mer de sang

est-ce moi qui te rêve ou toi qui me rêve
          je distingue la haute cheminée de la maison sans toit
                    qui plonge dans le ciel avec une faim avide
          je longe un chemin d'os brillants et de serpents de feu
                              qui grimpe au sommet de la nuit
                    mais alors que j'en atteins la cime je ressens comme un frisson

la maison s'illumine où tu n'habites pas
          mais où ta voix retentit
          pour les siècles des siècles
          comme dans tous ces rêves auxquels je n'avais jamais songé

il est tard Lise où es-tu

          les clefs donnez-moi les clefs
          donnez-moi les clefs de la grande maison

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17 septembre 2011 6 17 /09 /septembre /2011 16:18

"Ma femme aux yeux de bois toujours sous la hache
aux yeux de niveau d'eau de niveau d'air de terre et de feu"
André Breton

la porte de mon cœur bat au vent fou de ton regard
          à la douce tempête de ton mystère
qui caresse mon rêve et m'augmente corps et âme
j'avais pourtant clos la porte jeté la clef des temps anciens
                    par peur ou instinct je l'ignore
          mais revoici l'onde de promesse qui fait trembler ma main

suis-je donc redevenu l'enfant qui t'aimait
comme un enfant je m'éblouis de devenir homme
comme un enfant je m'éblouis d'oublier et de réapprendre
          chaque jour
                              ton visage
                    visage ô combien mimétique visage du silence
depuis que je respire par le tiens le visage des autres femmes
          m'est devenu plus abstrait que
                    l'art du bonheur
          je ne croise désormais que des femmes
          sans sourire sans regard
          sans l'ombre de l'indice du moindre visage
                              pour être aimer
ma toute belle tu en viens à me faire désaimer les femmes
                                        qui ne sont pas toi
          parfois les dimanches sur les quais
          je croise une jeune fille qui a tes yeux ta taille
                    le torrent de mes veines se fige
                    la porte de mon cœur claque à la volée
          je m'arrête et la fixe
                    pour découvrir qu'elle n'est implacablement indubitablement
                                                                                                              pas toi
                              alors je pousse le verrou et ferme les yeux sur la candeur de mon regard

ma Lise ma tendre Lise ma toute Lise
          j'emporte ton sourire en chacun de mes songes
          pour mieux semer ton nom sur mes chemins de vers

tremble petite
tremble de te savoir redoutable d'amour
tremble comme ma voix sous tes yeux terroristes
          tes yeux de noire terreur ma terrible ma douce
          toute Lise
jamais tu ne sauras ce que le temps me doit
                    de plaisirs et de paix
          sur tous ces mois de galère
jamais tu ne sauras les eaux déchainées de ces semaines
                    où tu n'étais pas là
j'ai traversé des mers sans nom sous des noms sans mer
des océans de brume et de vie suspendue
                    on y cueillait des roses d'eau sur de grands arbres de lumière
                    qui se fanaient au moindre soupir d'espoir
          c'était la longue traversée du temporel avec ses kilomètres de dérive
                                        à ne savoir pourquoi
          jusqu'au jour
          jusqu'au jour où la vigie de mon âme s'écria
                                        terre

cette terre que le ciel de mes mots caresse maintenant
cette terre dont tu es le soleil
cette terre c'était ton amour mon amour
          et je provoque le mensonge de toute ma bonne foi
          et que m'importe que tu sois au bout du monde à m'oublier tendrement
                    même à mille lieues à mille regards tu es mienne
                                        mienne car je suis tien
Lise ô ma Lyse il est temps de finir ce qui n'a jamais été commencé
je brûlerai d'autres souvenirs sous d'autres vers
          pour le simple plaisir de m'accorder ton regard
ma belle-île-en-mer aux phares de soleil
ma marie-galante aux yeux de lune
                    ce soir
          je bénis de tout cœur cette espérance qui donne vie
                    à l'irréalité augmentée de mon amour

je t'adore ô ma Lise

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5 septembre 2011 1 05 /09 /septembre /2011 11:19

« Il est terrible
le petit bruit de l'oeuf dur cassé sur un comptoir d'étain »
Jacques Prévert

amours brouillonnés à fleur d'œufs brouillés
par un petit matin de septembre
un homme
seul sur quelque terrasse du Boul' Mich'
          commande deux biftecks saignants avec son café crème
          et allume une demie-cigarette sur la moitié d'un croissant
          suite à quoi il tire à lui l'exemplaire du Monde
                    que le commis a comme chaque matin laissé à sa table

          « celui-là a l'appétit d'un homme triste »
dit une passante à son passant
          « deux oeufs brouillés j'entends bien
          mais avec ceci deux biftecks et trois croissants
          c'est un peu fort de café »
le mari de passant opine avec une distraction mesurée
et tous deux poursuivent leur chemin tête haute

          l'homme a soudain laissé choir le journal sur ses genoux
il en a parcouru les lignes sans en tirer l'ombre de l'idée d'une possible donnée factuelle
que son cerveau pourrait remâcher à loisir
histoire de penser à quelque chose
                                        d'autre

voici que Beethoven rempli de nouveau sa boîte crânienne
comme hier l'eau ses poumons
          lorsque la Seine n'a pas voulu de lui

                    Beethoven septième symphonie allegretto
          il avance à son menton la tasse de café plus vraiment tiède plus vraiment crème
                              mais le geste manque et la tasse frappe le nez
                              tout doucement
                                        indubitablement tendrement

          subséquement il sens sa gorge se nouer
et ses yeux brouillés se ferment sur les œufs brouillés

machinalement il a
                              de la pointe de son couteau
zigzagé parmi les œufs crèmeux et tièdes
          et avec le jaune du jaune sur le blanc du blanc
                    zigzagé les quatre lettres de Son prénom
                    un L achromique acrylique acrobatique
                    un Y affectif afflictif affirmatif
                    un S vulgaire vacataire volontaire
                              et un E
                    un E pincé plié arrondi approfondi
                              un E en forme de cœur

et les passants passent à grandes enjambées
          sur cette histoire de brouille et d'œufs brouillés
          de steaks crémeux et de café sanglant
          de croissants au beurre par un petit matin de septembre

et l'homme dont la femme n'a pas voulu
          dont le fleuve n'a pas voulu
et qui ne veut plus ni des œufs ni du café ni des passants
note à fleur d'œufs brouillés
          juste en dessous du nom de Celle :

« ce soir


essayer d'un autre pont »

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4 septembre 2011 7 04 /09 /septembre /2011 11:07
"Tu me vertige
tu m'extase
tu me passionnément
tu m'absolu
je t'absente
tu m'absurde"
Ghérasim Luca


hasard d'un regard accroché dans la nuée des paupières closes, d'un regard suspendu

hasard de ta pupille oubliée dans ma rétine, hasard d'un coup d'œil prolongé, d'un esprit distrait, voyageur, absenté pour cause maladie, hasard de la brise de mon regard dans la forêt de tes cils

hasard d'un mot échappé, d'un mot hasardé, hasard d'un mot fugitif en cabale, hasard d'un mot maussade, d'un mot maugréant, d'un mot mauvais joueur, hasard d'un mot silencieusement esquissé, d'un mot à toutes les lèvres closes, hasard d'un mot procéduralement envisagé, contemplé, spéculé, mûri, achevé, acheminé à fleur de langue, à fleur de cœur, à fleur de pensée, à fleur de discours fleuri, à fleur de moi

hasard d'un souffle court, d'un souffle écourté, d'un soufflé coupé cabriolet, hasard d'un souffle posé sans préavis, d'un souffle à bout de nerf, d'un souffle à bout de souffle, hasard d'un souffle coulé dans la chaude quiétude du dehors, d'un soufflé raisonnablement externalisé, d'un soufflé poussé à ses derniers retranchements, d'un souffle brisé, venté, bourrasqué, tempêté, tornadé, cycloné puis négligemment raz-de-marisé

hasard de mon coeur contre ton coeur, de mon ventricule droit contre ton ventricule gauche, de ta valvule aortique contre ma valvule sigmoïde, hasard de nos battements synchronisés, désynchronisés, mésynchronisé à longueur d'éternité, sans en avoir l'air, comme si que c'était pas voulu

hasard de nos mains embrassées, de nos mains tombées dans les bras l'une de l'autre, hasard de nos paumes ventousant à perdre haleine, de nos phalanges toutes armes dehors, de nos métacarpes métamuettes de métavolupté, hasard de nos mains joueuses effrénées, de nos mains seules à deux, unes et distinctes, solitaires et solidaires

hasard de nos lèvres jointes, de nos rotondité infranasiliaires et supramentonnières en porte-à-faux sur la vacuité de nos cavités bucales, hasard de ta langue entrée par effraction, de mon palais entré en vibration, hasard de nos papilles calciformes délibérément faciformes, de nos amygdales palatines platinement romanisantes, hasard de nos luettes s'entre-narguant avec force tirages de langue, hasard de nos baisers volés, de nos baisers envolés, convolant vers d'infinis lointains

hasard de nos rencontres furtives créatives caritatives

hasard de nos vies croisées décroisées entrecroisées

hasard de nos regards mots cœurs mains lèvres
hasard de nous

mon adorée
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22 août 2011 1 22 /08 /août /2011 14:12

« Donc cruauté pour acheter passion, passion pour acheter tendresse »
Albert Cohen, in Solal

il y a deux raisons d'être
          aimer et être aimé

il y a mille manières d'aimer
                    si peu de l'être
on peut vivre d'amour invétéré mourir d'amour unique
          ou tromper la mort en trompant les femmes
on peut aimer parce qu'il faut vivre aimer parce qu'il faut bien mourir de quelque chose
on peut aimer par amitié ou par passion par amitié passionnelle ou par passion amicale
on peut s'aimer dans l'autre s'aimer dans son amour de l'autre
on peut aimer de pleine volonté aimer de plein courage ou bien à son corps défendant
          brûler d'amour geler d'amour s'aveugler d'amour
on peut aimer tendrement tenacement passablement passionnément abstraitement absurdement fameusement fatalement
on peut jouer l'amour jusqu'à ce que l'amour se joue de nous
          s'aimer comme chien et chat comme chien et loup comme loup et chat
          aimer et châtier bien châtier et aimer bien châtier aimer et se châtier d'aimer bien
on peut négocier son amour donnant donnant
                    ou jeter des poignées d'amour à tout venant
          on peut aimer sans amour
          on peut aimer aimer
                    ou on peut n'aimer pas
simple question de goût

          mais pour être aimé que faut-il
là commence le jeu des masques
          pour être aimer il ne faut pas aimer trop
          il faut être de sang froid et point trop fidèle à son propre cœur
                    car autrement comment parader sans en ressentir de honte
la roue du paon voilà l'oeuvre sinistre des siècles
          auquel on ne cesse de nous atteler
voilà toute la mainmise de la femme sur l'homme
le levier de son charme qui nous pousse à la plus vile animalité
                    au jeu sot du mâle et de la conquête
          le tout surtout en évitant
                    ce péché mortel
          qu'est le délit d'amour flagrant

les femmes attendent trop des hommes
il nous faut nous réduire à la bestialité de l'ours
pour espérer un moment d'idéal
mais qui saura sortir humain
          d'avoir porté les griffes
          et les plumes du paon

          pitié pour les infoutus de l'amour
          pitié pour les légions de la tendresse
                    qui ne veulent payer leur amour au prix fort
          pour les endommagés collatéraux qui veulent rebattre les cartes
                    et ne plus avoir à cacher
                    leur tare d'aimer

la passion c'est l'amour humilié

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13 août 2011 6 13 /08 /août /2011 15:29

"Plus tu t'éloignes et plus ton ombre s’agrandit"
Robert Desnos

combien de questions encore
se cherchent une réponse
          dans le dédale de ma raison

va savoir les millions d'années entre nous
les milliards de siècles que peut cacher un mètre de distance
                    un mètre de regards sans un seul millimètre d'espoir
          tout dans le don de soi
c'est mentir que de louer l'amour à sens unique
                    je le sais je l'ai fait
          et j'ai compris sur le tard
          que cet amour s'appelle exil

va savoir les miracles qu'exhument
          les mers troubles du souvenir
          marées montantes à l'affut du moindre écart
                    et de ce réflexe qui fait de l'homme un monde tourné vers son passé
          ô le triste océan des visages perdus et téméraires
                    qui alors glisse dans les terres de l'homme
                    et se rappelle à lui
                              comme une patrie ignorée

va savoir la nécessité de ce cirque
de l'invariable cirque de la femme et de l'homme
                    trompant son monde jusqu'à lui faire croire
          en sa propre immortalité
c'est le cruel artifice de la vie qui se perpétue à travers l'autre
          et que l'on nomme amour
mais il suffit d'un regard
du reflet d'un regard
de l'ombre du reflet d'un seul regard perdu dans une foule d'yeux ouverts
                    pour nous prendre aussi au jeu

va savoir si l'on oublie jamais
          si l'on échappe jamais à la confession d'une conscience
bien sûr on fait semblant mais c'est si mal téléphoné
                    la même farce de l'amnésique et du salut de l'âme toujours toujours
          mais il y a cette pierre blanche sur tous les jours et tous les visages aimés
          une pierre blanche pour chaque instant d'amour
          et qui soudain devient ce rivage de galets blancs sur lequel ton corps étendu
                              attend que la marée l'emporte

          oui mais comment me faire comprendre
          de ceux qui ne la savent pas
                    si dure si fragile

          comment percer le mystère de l'affection
                              sans mensonges sans histoires inventées
                    histoires d'inclination et de crochets du cœur
                    mensonges scientifiques car qu'ont à voir les atomes là-dedans
                    les atomes ne bronchent pas quand elle fait sa moue de fille sévère
          ô si vous saviez comme elle est
                    si vous saviez sa force
          elle est d'une si douce tyrannie
          comment ne pas plier

          sa belle sa si belle manière d'attente
          cet art du serment toujours renouvelé
                    et l'adresse qu'elle exerce
          à pénétrer mon cœur sans n'en rien savoir

va savoir où elle va chercher tout ça

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10 août 2011 3 10 /08 /août /2011 14:05

"Refais chaque jour le serment d'être heureux."
Alain

un jour tu prends peur
          un jour

un jour tu as la force de voir en face
          le visage morne et paisible du temps qui passe
          le traitre temps passé qui de son manque d'éclat t'éblouit
ta vie se reflète dans le miroir d'eau de tes nuits
tu as perdu la partie engagée avec la jeunesse
tu te dis qu'il n'est jamais trop tard pour une messe
mais au fond de toi tu sais qu'il est l'heure de te demander si
          tu n'as jamais vécu sinon d'ennui

          pâles étendues de l'ennui où tout un chacun un jour se brise
ne sais-tu pas qu'ici crier n'est pas de mise
          lorsqu'on y est bien plus qu'un simple visiteur

ta vie ses largesses ses humeurs
          qui ne sont au final que bien peu de choses
          jeux d'ombres sur le mur de tes idées moroses
                    quand rien dans l'existence n'importe tant
                              que la course du temps

un jour j'ai pris peur de moi-même
                    peur de ma peur même
seul dans l'immense ville sans larmes je pleurais
          et à raison tremblais
                    à l'idée de ne jamais connaître
                    le bonheur que seul l'amour et la paix de l'âme savent faire naître

on est loin bien loin du malheur de vivre mais ce n'est pourtant pas être heureux
toute ta vie tu n'as jamais fait que l'approcher au mieux
          ce simple bonheur d'une vie sans surprises

          s'il suffisait qu'il suffise
s'il suffisait qu'il nous plaise
                    pour que tout enfin s'apaise

                    alors alors
alors tu prends bien garde à ne pas t'apitoyer sur ton sort
tu joues à celui qui ne comprend pas celui qui ignore
          combien de jours combien de mois encore

          jusqu'à ce qu'un jour

un jour tu prends peur
          un jour

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9 août 2011 2 09 /08 /août /2011 18:31

"A Ostende j'ai la hantise de l'écharpe qui s’effiloche à ton cou"
Alain Bashung
"Comme à Ostende et comme partout"
Léo Ferré
"Mais ce soir il pleut sur Knokke-Le-Zoute"
Jacques Brel

Bruges petite Bruges
en Flandre navigant
pardon petite Bruges
je t'ai préféré Gand

*

une vieille dentellière à son pas-de-porte
          marmottant en silence

un équipée wallonne qui remonte la rue
          s'arrête devant la dentelière
          la considère en silence

          à l'homme qui près des fuseaux dépose une petite pièce
elle glisse un dank u qui sonne creux et faux

dentellière théâtrale dentellière
          qui n'aimait que les Flamands

*

à Damme une heure nous passâmes
mais ce suffit à contenir
au plus profond de nos deux âmes
la peur d'y jamais revenir

*

il y avait cette fille assise sur un banc
                    à Ostende sous la pluie
cette fille aux cheveux blonds
          là à attendre
                    anecdotique et ponctuelle

elle pensait c'est exact aux siècles de civilisation
          qu'il fallut pour arriver à la laideur scrupuleusement réglée
                    d'Ostende un jour de pluie

          alors qu'elle
c'était la beauté première
          intacte beauté de la nature originelle
          beauté de jeune femme

depuis que n'ai-je fait pour oublier

                    oublier qu'Ostende sous la pluie

*

ô mer du Nord ô lit charmant
de mon remord et de mon doute
c'est à toi qu'on doit je redoute
ce wagon de fiel écumant
qui s'abîme en pays flamand
de La Panne à Knokke-Le-Zoute


*

Bruges petite Bruges
avec ses briques rouges ses clochers ombrageux
sa manie de pleuvoir sur les cœurs alanguis
          des amoureux enlacés sur le bord des canaux

Bruges le vertige de son beffroi
          qui domine la place du marché de ses trois-cent soixante-six marches
grand mât naufrageur d'une ville échouée
                    oubliée par la mer il y a bien fort longtemps

Bruges le charme très pieux du béguinage
          où se pressent les touristes américaines
          grosses sexuelles travaillant leurs chewing-gums
                    dans la nef de l'abbaye pluricentenaire
ô jubilation des bigotes à la vue des rumineuses dans la grande maison de Dieu
choc de civilisations bientôt réunies dans l'amour du très Saint Père
          et moi dans le même panier qu'elles
                    moi qui ne croit pas en Lui

Bruges l'art sublime de sa peinture
van Eyck triste sire agneau de Dieu patenté
          ton fantôme peuple encore les plus vieilles pierres de ville
Brueghel l'Ancien peut-être de passage dans les même ruelles que moi
                    il y a bien fort longtemps
          grands noms oubliés tremblez-vous au fond de vos tombeaux
          enragez-vous de ce que l'on vous nomme aujourd'hui
                    les primitifs flamands
dormez sereins pour les siècles des siècles
                    vous ne serez pas oubliez

Bruges miracle des siècles
moyenâgeuse Bruges perdue dans le futur
                    toujours froide et droite toujours debout
                              malgré les gratte-ciels et les avions à réaction

          Bruges petite Bruges
          pardonne-moi petite Bruges
                    si je t'ai préféré Gand

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Mais que trouver ici ?

Quelques idées, peu de chef-d'oeuvres mais beaucoup de sincérité ! Voici les descriptions des différentes catégories d'écrits pseudo-poétiques dont j'abreuve régulièrement cette adresse...

Sonnets 
Toujours les quatorzes vers devant lesquels nul poète ne doit plier !

Huit vers
En octosyllabes ou en alexandrins, la seule chose qui unit ces poèmes, c'est qu'ils sont formés de huit vers.

Vers inclassables
A chaque pied son... poème !

Alexandrins en pagaille
Quand les alexandrins sont lassés du sonnet !

Vers libres

Je n'en suis pas spécialiste, mais je m'y essaie !

Poésie Japonaise
Vous y trouverez des poèmes à forme fixe japonais : haïku, tanka, renku, etc.

Poésie engagée
"Ecrire pour des idées"...

Pièces faciles
Juste deux, trois vers, le sens vous appartient.

Poésie en prose

Petits poèmes en prose, j'adore cette forme.

Auf Deutsch, in English!
Poèmes en langue étrangère, juste une petite folie !

Calligrammes
Collection de calligrammes, dessins poétiques et poèmes typographiques, réalisés sur ordinateur.

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Musique, Maestro !