J'ai fais un rêve qui m'a beaucoup marqué, la nuit dernière... J'ai ressenti le besoin de l'écrire... Je vous le livre ici.
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J'ai tant erré... Abîme ou grandeur, je n'en voulais aucune - et passais outre. J'étais l'Intemporel. Je croyais en une ombre, et me noyais dans des gouttes de pluie. J'allais à l'Idéal.
Nuitamment – il faisait jour tristement – nous nous trouvâmes à une jetée d'encens, dans quelque rayon de lune, ou rame passagère. Pas une abysse, pas une lune ne gagna sur moi son charme. Ses yeux m'approchèrent, sa bouche se fit à mon oreille ; elle parla tout bas, me dit un nom, qui n'était pas le sien, mais par lequel elle s'entendait m'épouser. « Tu pourrais, tu sais, si tu le désirerais ».
Dans un manoir sans façade, j'échappais à ses terribles amies – et la trouvais perdue dans la ligne trompeuse du grand couloir aux murs de chêne ; dos à la baie m'avalant le brouillard de ses yeux, je trainais en fils docile, au jour de son ouïe, l'anémie de mes mots les plus simples.
Je brûlais de ferveur, et le geste fit place. Je gagnais le quai des songes, là où tout se libère. Toujours serfs et pies à sa suite, elle fuyait au bras de quelque prince léché, et tout en elle taisait mes appels. Alors prenant son bras – elle donnant l'autre au prince –, je m'offris d'un bond à sa bouche, et buvais gourmandement son visage. Elle eu un temps, un recul, un frisson, puis tout tomba – le prince, les serfs, les pies, le jour – dans l'oubli couleur de neige de son baiser rendu.
Au réveil, tout était là. Jusqu'au goût de ses lèvres.